J’ai dactylographié la notice historique des tout débuts de notre assemblée rédigée en 1896 par Louis Guibal … Avant de commencer, je voulais vous lire un passage qui m’a frappé, des observations qui pourrait encore faire écho chez nous.
Voici ce qu’elle dit:
La même année, Mr L. Guibal prenait possession du poste. Il le faisait avec l’intention ferme et nettement affirmée de voir de près si l’œuvre était viable et susceptible de développement tant au point de vue ecclésiastique qu’au point de vue de l’évangélisation. Il releva immédiatement deux obstacles à l’avenir de la petite église qui se trouvait réduite à 21 membres: insuffisance de convictions chez les membres, insuffisance de ressources matérielles. Tous les efforts portèrent de ce côté.
La foi qu’est ce que c’est?
Croire en Dieu?
Le verset 19 résonne terriblement… on croise encore des gens dans les rues qui vous annoncent : « oh moi je crois en Dieu » …
→ la foi c’est croire Dieu.
Croire que Jésus est mort sur la croix?
Je suis enfant de chrétien. J’ai été à l’école du dimanche. J’ai bien appris la Bible. C’est bon?…
→ La foi correspond à un engagement personnel.
Être convaincu dans son for intérieur que Jésus est mon sauveur personnel?
J’ai bien compris que Jésus est mon sauveur, j’ai donc bien acquis la foi ; mais pour moi il y a comme un fossé entre mon cœur et mes mains…
→ la foi ne peut pas être vécue par procuration. La foi sans les œuvres est morte.
La foi n’est pas une notion théologique (on pourrait le penser devant nos confessions de foi affichées). Ce n’est pas non plus un ressenti émotionnel (on pourrait encore le penser lorsqu’on limite sa foi à quelques épisodes plus intenses de notre vie). La foi c’est plus précisément l’orientation de notre cœur vers Dieu. Et pour exister, la foi, cette orientation du cœur, a besoin d’une confrontation entre notre relation avec Dieu et la réalité dans laquelle nous sommes.
La foi d’Abraham, père des croyants
Un fils plus espéré, qui vient finalement … Puis c’est un commandement de Dieu qui vient (v1,2)
Abraham à l’action
Abraham obéit ; il conduit son action comme si de rien n’était. Pourtant il ne devait pas en mener lourd…
Puis vient la chute de l’histoire : le père Abraham sautillant pour aller attraper le bélier dans le buisson!
La réponse d’Abraham à l’appel de Dieu l’avait engagé dans un chemin de foi, une foi qui s’est manifestée dans l’action.
Aujourd’hui nous nous pensons très loin de ce qui paraîtrait presque des mythes, vous savez, ces bonnes histoires d’avant c’est bon d’y croire. La foi dans la foi des autres, c’est toujours plus facile.
Quand je cherche à confier un sujet lourd à Dieu, je crains de ne pas dire ce qu’il faut.. ou à quoi bon puisque je ne peux pas infléchir sa volonté. Mais en pensant ça, je me referme, je ne dialogue plus avec Dieu mais avec mon nombril. Du coup ma prière devient hésitante. C’est toute la vie de foi qui chancelle.
Dieu à l’action
Pourtant quelle a été l’attitude de ces témoins avant nous? Ils ont eu confiance que Dieu travaillait dans le même sens qu’eux. Et même s’ils se sont mis en marche dans une direction où ils prenaient des risques énormes, ils ont avancé avec la certitude que Dieu pourvoirait et accomplirait lui-même les bénédictions qu’ils espéraient.
A l’égard de notre église aussi nous cherchons à avoir la foi, et nous ne sommes pas les premiers, rappelez-vous le passage du début. Nous prions effectivement pour notre église, nous lui confions ce qui nous préoccupe ou ce qui nous réjouit, mais est-ce que ça s’arrête là ? Jésus explique que la prière ne s’arrête pas à la superformule « amen » (Marc 11.22-24).
L’engagement d’une vie
Souvent nous prions et nous pensons avoir fait notre part du boulot. La prière n’est que le début de la marche par la foi : c’est dire à Dieu qu’on s’engage par rapport à un sujet, pas qu’on s’en débarrasse.
L’engagement d’une relation
Et si Dieu nous avait entendus? Et si ce n’était pas par hasard que ce soit nous qui ayons prié pour ce sujet? Maintenant il nous a entendus. Il nous façonne et nous édifie… jusque dans l’action. C’est pour nous mettre en mouvement. Et c’est ce qu’il a fait avec Abraham, c’est le point de départ de l’alliance, l’union entre Dieu et l’humanité. La foi est un engagement dans une collaboration avec Dieu.
La vie de notre église ici doit être le premier terrain d’expérimentation de cette foi. Ne prions pas dans le vide, œuvrons dans le même sens que nos paroles…
Nous prions pour la croissance numérique de notre église? Regardons maintenant là où Dieu commence à étendre l’impact de notre église auprès des gens qui nous entourent, ouvrons nous déjà, laissons nous surprendre même si ce n’est pas toujours comme on l’attend…
Nous prions pour une situation financière plus stable? Œuvrons dans ce sens déjà avec nos moyens à disposition parce que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières…
Vu comme ça, le « amen » nous laisse moins à l’aise, puisqu’il inaugure le temps de la mise en œuvre, le début de la réalisation de notre prière.
Nos moyens sont trop faibles ? Mais Dieu ne les connait-il pas? Il attend juste que nous mettions en œuvre notre foi, dans des gestes simples, et il pourvoira aux moyens au fur et à mesure.
Vous trouvez notre situation précaire ? Vous avez vu le risque couru par Abraham? La foi ne se trouve pas dans des tergiversations sur le contexte, et Abraham en a surement eu. Avoir la foi ce n’est pas avancer sûr de soi, cool… ce n’est pas ne pas avoir de problème, mais c’est y faire face, les traverser. Regardez Abraham, sa foi s’en est retrouvée affermie.
La foi hors des œuvres se dessèche; elle meurt. Elle manque de contenu. Mais à l’opposé, une foi vécue dans l’adversité se renforce. Acceptons cette adversité au lieu de la fuir en l’ignorant. En faisant face à ces défis au moyen de la foi, nous ne laissons pas la peur du manque, la peur d’un Dieu absent, nous ronger la vie. Et nous entrons de plein pied dans la vie trépidante et inattendue que Dieu a préparé pour nous.
Dieu commence déjà à agir ! Ne cherchons pas à nous économiser au cas où. Prenons pour modèle le Christ, l’effort que Dieu a fait pour venir s’incarner jusqu’à mourir de cette mort qui nous fait tant peur.
Regardons l’aboutissement aussi: pour que nous trouvions enfin la vie et une relation restaurée avec Lui.